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LE SACREMENT DU MARIAGE (Ép 5, 21-23)
III. L’Alliance entre le Christ Époux et l’Église Épouse

 

A. Le Christ Époux

Dans sa lettre aux Éphésiens, saint Paul a des affirmations très fortes au sujet de l’Alliance entre le Christ et l’Église : « pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps » (v.23) ; « l’Église se soumet au Christ » (v.24) ; « il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée » (v.25-27) ; «Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. » (v29-32)

 

Puisque c’est de ce mystère que le mariage est le sacrement, essayons, grâce à la lumière de l’Esprit Saint, d’en comprendre l’essentiel, en considérant d’abord le Christ Époux, puis l’Église Épouse.

 

A. Le Christ Époux

 

Comme Adam, aux débuts de l’humanité, a rompu son alliance avec Dieu et saboté son mariage avec Ève, le désir du Père était de tout restaurer. Or l’humanité était plongée dans le péché et incapable de revenir à lui. C’est pourquoi il a envoyé son propre Fils prendre la condition humaine et la partager en toutes choses excepté le péché. Jésus apparaît ainsi, dans son humanité, comme le nouvel Adam qui va restaurer l’Alliance entre Dieu et l’homme, et l’alliance entre les hommes, spécialement dans le mariage. (Cf. Rm 5)

 

1. Le Christ nouvel Adam

 

Jésus est pleinement homme. Comme il est en même temps le Fils de Dieu (Cf. CEC n° 464 à 478), il est « saint et immaculé devant le Père dans l’amour » (Ép 1,4). Comme le premier Adam, il connaît « la justice originelle » et vit dans une harmonie parfaite avec Dieu son Père, dont il a « une connaissance intime et immédiate » (CEC n° 473), dans la communion de l’Esprit. C’est pour cela qu’il peut – et lui seul le peut en vérité – nous révéler l’amour infini du Père pour nous les hommes, dont il veut faire ses enfants adoptifs. (Cf. CEC n° 458)

 

Comme Adam avant la faute originelle, Jésus homme vit à la perfection sa relation avec Dieu. Il reconstruit les trois piliers de l’Alliance avec Dieu et les rend inébranlables.

Tout au long de sa vie terrestre, jusque sur la croix, il manifeste une foi/confiance totale en son Père, et, à l’opposé du premier Adam, il lui obéit sans fléchir, même lorsque le Père, pour manifester son amour extrême pour les hommes, lui demande de livrer sa vie pour nous sauver. (Cf. CEC n° 599)

Dans son amour pour le Père, il manifeste une totale humilité. En lui aucun orgueil : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur (litt. d’esclave), devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé (humilié), devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » (Ph 2,6-8).

Aucun égoïsme non plus : Jésus est totalement donné au Père, dans sa prière – il passe parfois la nuit en prière (cf. Lc 6,12) -, et dans son action : ce sont les œuvres du Père qu’il accomplit (cf. Jn 5,36).

A l’opposé d’Adam, Jésus ne revendique nullement son indépendance par rapport au Père. Au contraire il affirme : « Amen, amen, je vous le dis : le Fils ne peut rien faire de lui-même, il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père ; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. Car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait. » (Jn 5,19-20a)

Bien loin de vivre l’autonomie, Jésus confirme et « accomplit » la Loi de Dieu transmise à Moïse (cf. Mt 5,17) – et donc la loi sur le mariage…

Enfin Jésus est fidèle jusqu’au bout à son Père, malgré les difficultés et l’opposition féroce de ses ennemis qui iront jusqu’à l’éliminer dans d’atroces souffrances. Il sait en effet que sa passion débouchera sur la résurrection, et qu’il retrouvera alors « la gloire qu’il avait auprès du Père avant que le monde existe » (Jn 17,5).

 

Jésus, le nouvel Adam, vit sa relation au Père d’une manière parfaite, et restaure ainsi les piliers de l’Alliance avec lui. C’est pourquoi il est pour nous « un modèle de sainteté » (CEC n° 459), et lui seul peut rétablir l’humanité pécheresse dans la communion avec Dieu.

 

2. Le Christ Sauveur des hommes

 

Nous subissons tous les conséquences du péché du premier Adam (Cf. CEC n° 402 à 406) ; heureusement « le Verbe s’est fait chair pour nous sauver en nous réconciliant avec Dieu » (CEC n° 457). Il est, comme dit saint Paul aux Éphésiens, « le Sauveur de son corps » (v.23).

 

Ce mystère de notre rédemption, Jésus l’a accompli à travers sa passion, sa mort et sa résurrection. « Il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte. »

Alors qu’Adam et Ève avaient succombé à la tentation, Jésus a résisté jusqu’au bout à Satan et en a triomphé par son amour obéissant au Père. (Cf. Jn 16,8-11)

Alors qu’Adam et Ève avaient péché et entraîné l’humanité dans leur chute, Jésus a pris sur lui tous ces péchés pour en obtenir le pardon du Père. « Les péchés des hommes, consécutifs au péché originel, sont sanctionnés par la mort (cf. Rm 5, 12 ; 1 Co 15, 56). En envoyant son propre Fils dans la condition d’esclave (cf. Ph 2, 7), celle d’une humanité déchue et vouée à la mort à cause du péché (cf. Rm 8, 3), " Dieu l’a fait péché pour nous, lui qui n’avait pas connu le péché, afin qu’en lui nous devenions justice pour Dieu " (2 Co 5, 21). Jésus n’a pas connu la réprobation comme s’il avait lui-même péché (cf. Jn 8, 46). Mais dans l’amour rédempteur qui l’unissait toujours au Père (cf. Jn 8, 29), il nous a assumés dans l’égarement de notre péché par rapport à Dieu. (…) L’ayant rendu ainsi solidaire de nous pécheurs, " Dieu n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous " (Rm 8, 32) pour que nous soyons " réconciliés avec Lui par la mort de son Fils " (Rm 5, 10). » (CEC n° 602-603)

 

Le péché originel se trouve donc pardonné, ainsi que tous les péchés de l’humanité. Dès lors, par Jésus ressuscité, avec lui et en lui, nous pouvons de nouveau vivre l’amour et la. communion avec Dieu. « Il y a un double aspect dans le mystère Pascal : par sa mort il nous libère du péché, par sa Résurrection il nous ouvre l’accès à une nouvelle vie. Celle-ci est d’abord la justification qui nous remet dans la grâce de Dieu (cf. Rm 4, 25) " afin que, comme le Christ est ressuscité des morts, nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle " (Rm 6, 4). Elle consiste en la victoire sur la mort du péché et dans la nouvelle participation à la grâce (cf. Ep 2, 4-5 ; 1 P 1, 3). Elle accomplit l’adoption filiale car les hommes deviennent frères du Christ, comme Jésus lui-même appelle ses disciples après sa Résurrection : " Allez annoncer à mes frères " (Mt 28, 10 ; Jn 20, 17). Frères non par nature, mais par don de la grâce, parce que cette filiation adoptive procure une participation réelle à la vie du Fils unique, qui s’est pleinement révélée dans sa Résurrection. » (CEC n° 654)

 

« Le Christ a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée » (v.25-27) Voilà ce qu’a accompli Jésus par amour pour nous ! Nous ne pouvons que nous émerveiller devant ce mystère de notre rédemption, et en rendre grâce jusqu’à la fin de notre vie !

 

3. Le Christ Époux

 

C’est parce qu’il a sauvé les hommes en les réconciliant avec Dieu que Jésus est l’Époux de l’Église. Saint Paul l’affirme, et saint Jean-Paul II le confirme : « La communion entre Dieu et les hommes trouve son accomplissement définitif en Jésus-Christ, l'époux qui aime et qui se donne comme Sauveur de l'humanité en se l'unissant comme son corps. » (FC n° 13)

 

Ayant racheté les hommes, le Christ les unit si étroitement à lui qu’il en fait les membres de son Corps mystique (Cf. CEC n° 787 à 789), dont l’Esprit Saint est l’âme (Cf. CEC n° 797). C’est en référence à ce mystère que saint Paul écrit : « Nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. » (Ep 5,30-32) L’unité entre le Christ et les membres de son Corps est plus intime que l’union conjugale des époux : dans l’Eucharistie Jésus, qui se fait nourriture, vient en nous et nous unit à lui de la façon la plus étroite : nous ne faisons alors qu’un seul Corps !

 

Cependant dans cette union, le Christ et l’Église ne sont pas égaux. De ce Corps, comme l’affirme saint Paul, Jésus est la Tête, parce qu’il est « le principe de la création et de la rédemption » (CEC n° 792), qui est une nouvelle création (Cf. CEC n° 1265). Dans ce Corps, toute grâce vient du Christ Tête par l’Esprit, et l’Église n’a qu’à recevoir avec gratitude tous les dons que dans son infinie bonté il lui accorde en surabondance !

 

Cette unité consiste-t-elle en une fusion de l’Église avec le Christ ? Pas du tout : la bisubjectivité demeure si bien que le Christ et les baptisés peuvent vivre une relation sponsale. « L’unité du Christ et de l’Église, Tête et membres du Corps, implique aussi la distinction des deux dans une relation personnelle. Cet aspect est souvent exprimé par l’image de l’époux et de l’épouse. Le thème du Christ Époux de l’Église a été préparé par les prophètes et annoncé par Jean-Baptiste (cf. Jn 3, 29). Le Seigneur s’est lui-même désigné comme " l’Époux " (Mc 2, 19 ; cf. Mt 22, 1-14 ; 25, 1-13). L’apôtre présente l’Église et chaque fidèle, membre de son Corps, comme une Épouse " fiancée " au Christ Seigneur, pour n’être avec Lui qu’un seul Esprit (cf. 1 Co 6, 15-16 ; 2 Co 11, 2). Elle est l’Épouse immaculée de l’Agneau immaculé (cf. Ap 22, 17 ; Ep 1, 4 ; 5, 27) que le Christ a aimée, pour laquelle Il s’est livré " afin de la sanctifier " (Ep 5, 26), qu’Il s’est associée par une Alliance éternelle, et dont Il ne cesse de prendre soin comme de son propre Corps (cf. Ep 5, 29). » (CEC n° 796)

 

Comment le Christ prend-il soin de son Épouse ? En lui communiquant le Saint Esprit, qui agit à travers les sacrements, et confère à l’Église tous ses dons. (Cf. CEC n° 798) Parmi ceux-ci, les vertus théologales, qui sont les trois piliers de notre relation au Père (Cf. CEC n° 1812 à 1829), sur lesquels les époux chrétiens fondent les trois piliers de l’alliance conjugale : la confiance, l’amour et la fidélité. Nous sommes habitués à réfléchir à celles-ci de notre point de vue ; mais, puisque le Christ est notre modèle, en particulier celui du mari, il est important de réaliser que Jésus, dans son humanité, a vécu parfaitement les vertus théologales dans sa relation au Père, et qu’aujourd’hui dans la gloire, il vit lui-même parfaitement, dans sa relation à l’Église son Épouse, les trois piliers de l’Alliance que sont la confiance, l’amour et la fidélité.

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